Mettre le correcteur de son côté

L’idée serait de parvenir à inverser les légendes ci-dessus…

Il ne faut jamais négliger le facteur humain dans la correction d’une copie, quand bien même il s’agirait d’une « science dure ». Rendre à son correcteur la tâche agréable au possible, ménager sa susceptibilité, voire, idéalement, savoir se mettre à sa place : tout cela peut sensiblement influencer la note finale.

Certains conseils portant sur le soin et l’orthographe peuvent sembler aller de soi – bien qu’ils ne soient pas toujours suivis d’effets, même à des concours dont on imaginerait que le prestige conditionnerait les candidats dans ce sens. Mais je veux insister aujourd’hui sur le fait de ménager la susceptibilité du correcteur.

Prenez garde à ne jamais lui donner l’impression que vous seriez en train d’essayer de l’arnaquer. S’imaginer être pris pour un pigeon ne plairait à personne, et encore moins à un enseignant en mathématiques censé évaluer vos capacités de raisonnement. Je ne saurais vous démontrer que le niveau d’amour-propre intellectuel moyen d’un prof de maths excède celui de la population en général, mais cette conjecture ne me semble pas la plus farfelue.

Bien entendu, un bon correcteur ne prendra pas automatiquement vos erreurs de raisonnement pour des tentatives d’entourloupe, et ne doublera pas la peine de l’erreur factuelle par le mauvais soupçon sur votre intention. Mais il est des signes qui ne trompent pas :
– des calculs faux qui se corrigent comme par magie juste avant la conclusion de la question, vous faisant aboutir à ce que cette dernière vous demandait de prouver, tel un chat retombant sur ses pattes au dernier moment
– un lien logique pas du tout évident, que vous feignez de considérer comme tel, parce qu’une fois encore, il vous fait aboutir à ce que la question vous demande de prouver
– une rédaction qui part de ce qu’il fallait justement démontrer, pour feindre d’aboutir à… ce qu’il fallait démontrer. Merci, A ⇒ A, on savait.*

L’on peut comprendre la tentation, du point de vue de l’élève, d’écrire quelque chose plutôt que rien du tout, et de singer tant bien que mal un squelette de rédaction, même fallacieux, qui le mènerait à la conclusion attendue. Il faut comprendre que dans l’extrême-majorité des cas, cette tentation est vaine. Votre entourloupe ne passera pas, et aura eu pour seul mérite de vous aliéner le correcteur, qui redoublera (plus ou moins inconsciemment) de vigilance et de sévérité sur les autres questions.

Misez au contraire sur l’honnêteté. Du point de vue du correcteur, quoi de plus agréable que de lire un élève pas tout à fait parvenu au résultat attendu, et qui en fait honnêtement le constat, en expliquant brièvement la différence entre ce qu’il a obtenu et ce qu’il devait obtenir, ou en proposant une piste de résolution (tout en admettant ne pas avoir eu le temps ou la possibilité de la suivre) ? Brièvement, parce qu’il ne s’agit pas non plus de faire cela au détriment des autres questions, ou d’ennuyer le correcteur avec vos états d’âmes.

Evidemment, l’honnêteté seule ne vous mènera pas à grand-chose. La belle affaire que de constater honnêtement n’avoir rien réussi ! Mais, conjuguée à un certain sérieux et à une certaine efficacité, l’honnêteté pourra vous valoir la mansuétude relative de la personne jugeant votre travail. Et vous avez tout à fait intérêt à ce qu’elle soit dans les meilleures dispositions pour en corriger la suite.

*Il peut aussi s’agir d’une erreur involontaire, mais sa gravité sur le plan du raisonnement rend presque obsolète la question de savoir si vous l’avez fait exprès ou non…