Chant d’orfèvre

« Fais pour moi le bijou le plus beau » : c’est ainsi
que l’on apostropha l’orfèvre désigné.
Il se gratta la joue par les ans amincie
et forçant sur sa voix dit d’un ton résigné :

« À tous ceux réclamant leur joyau je ne puis
que donner en cadeau ce temps qui d’un sourire
illumine les mots de virgules et puis
fait suivre élégamment la blanche d’un soupir. »

Il se tut puis reprit: « vous ne sauriez comprendre…
Rares sont ceux qui dans le tourment des grandeurs
du plus beau des présents saisissent la splendeur;
ce temps dont l’ambre brille et vous réduit en cendres !

Le mépris dans vos yeux ne fera vaciller
ni la flamme des miens ni mon âme penchant
vers l’or jaune onduleux des cultures en champ
du bonheur de chacun dans l’éclat qui lui sied. »

A.H.