Ajaccio à Trois

Cinq heures de l’après-midi à Ajaccio. Nos trois amis prenaient le café pas loin de l’amer, corsé comme les battista de l’île de Beauté savent si bien le faire. Léon et Camille, fraîchement mariés. Emma, la petite soeur du premier, jalousant le teint hâlé des deux tourtereaux : « Cam’ et Léon, vous bronzez vraiment vite !
– On est juste là depuis plus longtemps, c’est tout… Léon était bien pressé de partir.
– Ne m’en parle pas ! Voir ma bonne humeur s’amenuisier comme ça de jour en jour… Devoir meubler la conversation avec des secrétaires qui ne sont pas commodes…
– Le pauvre n’arrivait plus à en dormir, ils l’ont assommié… Mais assez parlé bouleau comme ça. Toi Emma, parle-nous un peu de ce prince charmant si mystérieux…
– Au risque de vous décevoir, il n’y a plus vraiment de mystère. Il m’a fait sa déclaration en bonne et due forme. Il m’a dit, avec beaucoup d’assurance : « je t’aime Emma ».
– Ah, qu’elles sont belles, ces amours mutuelles, qui couvrent les jeunes âmes des sinistres de la vie… »
A la table d’à côté, un mathématicien sous couverture qui, jusque là, croquait dans sa glace à l’italienne en regardant, avec force nostalgie, la mer qu’il jugeait sienne, eut la méditerranéenne outrecuidance d’intervenir : « pardonnez-moi de prendre la responsabilité si vile de mettre fin à votre parenthèse enchantée, mais à votre place, j’aurais plutôt parlé d’affection réciproque. »

A.H.

Avez-vous relevé les dix-sept (si j’ai bien compté ^^’) jeux de mot présents dans ce texte sans queue ni tête ? Certains sont évidents, d’autres bien moins…